Les nouveaux géants des semences

Depuis le début de l'année, le monde des semences est en pleine effervescence. Après l'annonce en décembre dernier, du projet de fusion de DuPont et Dow, en début d'année, c'est au tour de Syngenta d'accepter une offre de rachat par le groupe chinois, ChemChina, et en septembre, au géant allemand Bayer d'annoncer son projet d'acquisition du groupe américain Monsanto. « Par ces opérations, les "Big Six", les six premiers de l'agrofourniture sur le plan global, que sont Monsanto, Bayer, Syngenta, Dupont, Dow et BASF, vont devenir les quatre "fat" ou forts en français », souligne François-Xavier Masson, chargé d'affaires chez Unigrains.

Le premier sera européen

Première conséquence sur le secteur des semences, cette nouvelle vague de concentrations va renforcer le poids des trois plus grands groupes. Monsanto, numéro 1 de longue date sur le marché mondial des semences, avec 9,4 Mds€ de chiffre d'affaires, va être racheté par Bayer, numéro 6 mondial qui pèse déjà en semences, 1,277 Md€. Ensemble, ils vont conforter leur première place avec plus de 10 Mds€ de chiffre d'affaires. DuPont Pioneer qui étaient déjà sur la deuxième marche du podium, va fusionner avec Dow Seeds qui occupait la cinquième marche, et ainsi confortera sa place de numéro 2. Syngenta va par contre être racheté par un groupe qui n'est pas présent jusqu'à présent dans les semences. Il restera en troisième position, avec un chiffre d'affaires inchangé, 2,6 Mds€. Ces données, sous réserve bien sûr, que les autorités de la concurrence n'imposent pas à l'un ou à l'autre de ces différents acteurs, de revendre certaines activités. En Europe, en semences de grandes cultures, ce ne devrait pas être le cas, car Bayer y est jusqu'à maintenant peu présent, et Dow Seeds est très modeste, avec un chiffre d'affaires sur le marché de l'Europe + Russie de 50 M€, au regard de celui que DuPont Pioneer réalise sur le territoire européen.

Rien de changé, par contre, dans le reste du classement. Le groupe Limagrain-Vilmorin qui était 4e mondial avec un chiffre d'affaires de 1,5 Md€, garde sa 4e place, et KWS grimpe en 5e position. Contrairement aux trois groupes qui les précèdent, ces deux entreprises européennes ont la particularité d'être des « pure player » des semences, c'est-à-dire spécialisées avant tout dans les semences. « A noter que le premier semencier mondial sera désormais européen, et que l'on comptera dans les cinq premiers semenciers mondiaux, quatre européens, remarque avec le sourire Garlich von Essen, secrétaire général de l'Esa, European Seed Association. Mais trêve de plaisanterie, ces entreprises sont avant tout mondiales. Ce qui est important, ce sont les recherches qu'elles mettent en place dans chaque pays, et les activités qu'elles y développent. »

Les OGM sont inscrits dans le 13e plan, en Chine

Le couple Bayer-Monsanto a déjà prévu de maintenir le siège de l'ensemble de l'activité semences dans le monde, à Saint-Louis, aux Etats-Unis. Si Monsanto est surtout présent en maïs, soja, coton et potagères et florales, les points forts de Bayer sont surtout le coton, le colza, le riz et les potagères. Le groupe allemand a aussi investi récemment dans le blé et le soja. Il a lancé un programme de blé hybride et ses recherches en blé seront davantage européennes.

Si du côté de Syngenta, l'activité semences ne verra pas son périmètre modifié dans l'immédiat, le fait d'être racheté par ChemChina, va lui ouvrir les portes du très important marché chinois. Un pays où le gouvernement par le biais de son ministre de l'Agriculture, Liao Xiyuan, a d'ailleurs inscrit il y a quelques mois la recherche sur les OGM, notamment en maïs et en coton, parmi les priorités du 13e plan quinquennal du pays.

Quant à Dow Seeds, il viendra compléter le large portefeuille développé par DuPont Pioneer qui réalise 69 % de son chiffre d'affaires dans les semences, les deux tiers dans le maïs, 22 % dans le soja et 12 % dans les autres espèces.